February 09 - March 18, 2023
20 rue des Coutures Saint Gervais 75003 Paris
J’aimerai parler sans avoir à traduire, en évoquant des référents usés et en empruntant à l'art populaire ce qu'il a de généreux : un langage de symboles et d'impressions directes. Cela convoque notre héritage commun, les images et expériences que nous portons en bagage. La céramique est un médium qui contient en soit cette question de l'héritage, d'une tradition qui perdure, d'un objet qui dure. La céramique pour les plats, les assiettes, les fruits, les fleurs, le pourri, les torchons, les colonnes, les tas.
Audrey BALLACCHINO
Bouquet Final
J’aimerai parler sans avoir à traduire, en évoquant des référents usés et en empruntant à l’art populaire ce qu’il a de généreux : un langage de symboles et d’impressions directes. Cela convoque notre héritage commun, les images et expériences que nous portons en bagage. La céramique est un médium qui contient en soit cette question de l’héritage, d’une tradition qui perdure, d’un objet qui dure. La céramique pour les plats, les assiettes, les fruits, les fleurs, le pourri, les torchons, les colonnes, les tas.
Bouquet Final naît de cette curiosité du ressassement. Des morceaux de tableaux vus et revus. Ce sont des scènes de vies prélevées, dérobées au genre de la nature morte mais également à ces intérieurs modestes qui proposent leurs propres arrangements. Il y est question de temps, de peinture, de repas familiers, de vie et de mort mélangées. Je suis née dans les Vosges, issue de parents qui tirent tous deux leurs origines de l’immigration italienne. La Sicile en partie. J’ai souvent l’impression de ne tenir cette identité que par des restes, un nom. Mes recherches s’inspirent volontiers de l’art populaire sicilien et de la culture de l’Italie du Sud. D’une manière figurée je refais ce trajet comme on fabrique une carte postale, comme on fige un souvenir. Avec des images grosses et des associations singulières, je m’applique à extraire de la gangue des choses communes la précision d’un effet personnel. Je compose avec mes lègues.
Cette idée d’assemblage se retrouve dans la fabrication des pièces : elles sont issues de techniques mixtes (estampage, modelage, tournage et collage), recouvertes d’émaux crémeux et monochromes qui assemblent farouchement des recettes traditionnelles à d’autres plus acides. La forme est parfois même mangée et invite à une archéologie de l’objet. Par le traitement de l’émail je m’attache aussi à rendre la vibrance, le mouvement perpétuel, l’ambiguïté de la chose dans sa dégradation. Cette notion absolument baroque m’est chère en tant qu’elle attaque la vaste question du temps en mollesse. Ce baroque qui flatte les irrégularités du vivants et allie inévitablement la vie à la mort, je l’invoque en mélangeant dans un espace commun, celui de la table, les notions d’appétit et de répulsion, de passé et de présent.
Et comme les choses n’existent pas seules, l’espace qui les accueille raconte ce dialogue, ce désir de composer avec des autres et des savoirs-faire. Olivier Brichet pour tout ce qui arrange ces choses entre elles, pour les supports multiples et la lumière ; Olivier encore pour la photographie Bouquet d’arums prise lors d’un voyage en Sicile en 2019, Isabelle Granier pour la couture de la nappe, Jérôme Martinez Corral pour les techniques de l’image.
A. Ballacchino
Past Exhibition
Bouquet final
February 09 - March 18, 2023
20 rue des Coutures Saint Gervais 75003 Paris